Le souvenir du concert auquel j'ai assisté hier soir à l'Olympia m'a porté toute la journée et si ça se trouve ses effets positifs vont se prolonger au delà... Patti Smith donc, grande prêtresse rock'n roll était à l'heure et en forme et semblait porter ses quelques 65 balais comme qui rigole, comme pour nous dire: et ouais les p'tits gars, le rock ça conserve! Elle a balancé une énergie de folie sur la scène et ses alentours, magnifique, sans attirail ni artifices( trop souvent chers aux rockers); juste elle et ses excellents musiciens; elle et son visage de femme sioux, ses incantations rappeuses, sa voix puissante, ses envolées qui viennent direct se loger en vous, une force de paysage, de roc,d'herbe et de ciel; une incandescence, un feu intact! De la pure beauté, de la pure joie, du pur rock'n roll!
Je me souviens j'avais 16 ans environ, et c'est la photo de la pochette d'Easter qui m'a accrochée; c'était qui cette fille sans apprêt, avec ses poils sous les bras, qui n' a pas l'air de poser, mais qu'on croirait saisie il y a une minute à peine, pendant qu'elle ramenait ses cheveux emmêlés, concentrée, attentive à elle même?
J'aimais bien la "non pause", entre innocence et dandysme; c'est par l'image que je suis allée à la voix.
Et c'était quoi cette voix qui chantait si âprement, si vigoureusement, de cette manière qui n'était pas encore à la mode? Je n'avais encore jamais vu ni entendu de femme qui s'approprie si entièrement une force qu'on qualifie ordinairement de masculine; je n'avais jamais vu de femmes dont les cris soient beaux à frémir, je n'avais jamais vu de femme-sioux et citadine comme elle et bien que j'ai aimé son chant, c'est seulement hier que je l'ai vue en concert pour la première fois, plus de trente ans après le premier choc; et la force de l'appel étaient intacte. Je n'avais pas d'age hier quand je l'écoutais et elle, vitale et somptueuse n'en avait pas non plus.
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